dimanche 27 mars 2011

Constance was here

"Un jour, on ne la revoit plus. Aux amis qui s'étonnent de son absence, les voisins disent que la lumière est allumée ; que, parfois, l'on perçoit des frottements, et, si l'on tend assez l'oreille, comme la velléité d'une voix. Elle ne lève plus les pieds qu'à demi, mais glisse encore un peu sur le parquet flottant de la chambre. Dans le couloir, la moquette affaiblit encore sa présence en soi amortie. Aussi, pour les plus clairvoyants, la détonation – Beretta 9mm – semblera-t-elle, plus qu'une fuite hors du réel, une façon d'y retourner in extremis ; d'y faire un peu de bruit, d'y planter sa banderille ; CONSTANCE WAS HERE."

mercredi 23 mars 2011

mille petites putes

Dans des conversations fictives, elle triomphait de sa faiblesse ; elle relançait le feu d'une bûche, étendait ses pieds sous la table et, en pensée, concevait des échanges furieux.
"Ce que tu écris est ostentatoire, présomptueux, bouffi d'orgueil, vaniteux, arrogant.
- Tu te rends compte, lui disait-il, que ces mots – par ailleurs assez insultants – sont tous plus ou moins synonymes ?
- Il y a des variations et, inconsciemment, tu les maîtrises toutes.
Quel dommage qu'il ne pût la voir. Ses yeux brillaient : mille petites putes riaient en elle.
- Tu n'es pas obligée de m'agresser.
- Allons, secoue-toi un peu.
- ...
- Tu es un écrivain raté. Tes amis, ta famille en conviennent. Ils en font le sujet de repas, réunions, qu'ils baptisent, de façon mensongère, Noël, Pâques, anniversaire, baptême.
- ...
- Pour désamorcer les tensions, les petites querelles de chapelles – il y a parmi vous quelques végétariens, jéhovahs, fonctionnaires –, on lit quelques extraits de ton premier roman, et l'on rit de bon coeur."