dimanche 4 octobre 2009

un truc abstrait (comme dans ta tête)




Je n'oublie pas Matisse, Porte-fenêtre à Collioures, "tendant vers l'abstraction" - poncif parmi les historiens d'art moderne, comme peut l'être Cronstadt chez les gauchistes - ; son projet "d'utiliser le noir comme une couleur de lumière", préfigurant Soulages. Mais Matisse n'est pas Kandinsky : il a nommé ces trois bêtes aplats de couleur Porte-fenêtre à Collioures, pas Noir Bleu Vert ni Composition 8.

Je n'oublie pas les monochromes d'Alphonse Allais, La récolte de la tomate sur les bords de la Mer Rouge par des cardinaux apoplectiques (voir plus haut) ou Stupeur de jeunes recrues apercevant pour la première fois ton azur, ô Méditerranée !, entre autres. Pour autant, je n'oublie pas la date (1918), l'importance historique du Carré blanc sur fond blanc de Malévitch.

Je n'oublie pas, donc, la question de l'intention en art qui, sans doute, fait la différence entre Allais et Malévitch ; le premier annonçant, sans le savoir, la modernité voulue, conceptualisée, près de quarante ans plus tard, par le second.
(Une autre idée serait plus séduisante : faire du geste d'Allais un pastiche préventif de celui de Malévitch.)

Et, pour être tout à fait honnête, je n'oublie surtout pas les mots de mon ami Ness, me tendant, pour mon anniversaire, la reproduction d'une oeuvre de Paul Klee :
"Tiens, un truc abstrait, comme dans ta tête."


PS : à l'instant précis où je tapais "Soulages" sur le clavier, j'ai reçu un message de ma chère V. :
SALUT EXPO RETROSPECTIVE SOULAGES 36 RUE DE SEINE GALERIE LANSBERG DU 16 OCT AU 14 NOV BIZ.

J'y serai.

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