dimanche 3 avril 2011

expiration de la date de rédemption

M. le Maire de Paris,

Je vous écris pour me plaindre. (J'ignore si je m'adresse à la bonne personne. Prière, si nécessaire, de rediriger mon courrier.)
Cette année, comme d'ailleurs les cinq précédentes, les rues ne m'ont pas été rendues. Je ne suis pas tout à fait idiot, je sais faire la différence entre une rue et une imitation de rue. Oui, j'ai fait mon catéchisme, je sais faire la différence entre Jésus et Houdini, un miracle et une astuce.
Quant à la chaleur tombée ces jours-ci, je dois dire qu'elle m'a laissé comme un arrière-goût de malaria, le sentiment d'un massacre à venir, comme on en voit sous les tropiques.
En revanche, je tiens à souligner la tenue irréprochable de la compagnie des pétasses héliportées qui, aux premiers jours du printemps, s'est abattue sur la ville. J'ai trouvé leurs culs très bien dessinés. (A ce propos : où stockez-vous les modèles d'hiver ? Disposez-vous d'entrepôts prévus à cet effet ? Vous me direz, un jour, ça m'intéresse.) Par contre, j'ai remarqué quelques pixels disgracieux dans la barbe de trois jours de leurs compagnons enseignants et architectes. J'ajoute que l'accent des pakistanais ("Non, vraiment, merci, je ne souhaite pas offrir une rose à ma voisine") m'a semblé un peu outré.
Toujours est-il qu'en prenant la rue Oberkampf, j'ai eu quelques hoquets d'enthousiasme ; en rentrant chez moi, j'ai même pensé ouvrir la fenêtre. Mais ce sursaut printanier n'a pas tardé à s'émousser, la faute en revenant à la faiblesse globale de votre reconstitution. Elle ne tient simplement pas.
Je vous dis ça sans méchanceté, c'est dans l'espoir qu'avec les moyens dont vous disposez, vous voudrez bien revoir un peu votre copie. D'autant plus que l'édition 2010 - 2011 de l'opération "Hiver à Paris" était, elle, particulièrement convaincante (mentions spéciales à bruit de pluie sur tôle, neige noire, déprime en basse luminosité, courant d'air froid dans transports en commun).
Vous n'êtes pas encore parvenus, vous et vos sbires simili socialistes, à me refouler vers Montreuil ou Bagnolet ; aussi me sens-je, et de plein droit, parisien à part entière. La souffrance bien réelle qui me tord les boyaux jusqu'à pas d'heure mérite bien l'illusion convaincante d'un printemps.
Je ne doute pas que vous saurez procéder aux ajustements nécessaires. Sans quoi, bientôt, plus personne ne croira en Paris.

1 commentaire:

  1. http://www.pingoo.com/wp-content/uploads/2011/03/pingouine_20110325_01-400x258.jpg

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